mardi 11 novembre 2008

Lundi soir, 11 novembre 1918

Tout à sa douleur causée par la mort de Pierre Margaritis (1), Roger Martin du Gard note d’une plume sèche « L’armistice est signée […] Une dépêche était affichée : Les hostilités cesseront sur tout le front le 11 novembre, à 11 heures, heure française. Les troupes alliées ne franchiront pas jusqu’à nouvel ordre la ligne formée par le front à cette date et à cette heure. Signé : MARECHAL FOCH.
Il était 11 heures moins 10 ». (Journal T. I, p. 1003).


Un peu plus tôt dans la journée, en toute lucidité il exprime son espoir : « Nous attendons d’une minute à l’autre ce formidable : « Cessez le feu », qui va sauver tant de vies humaines […] Et nous le vivons petitement, comme ont toujours été vécues par les contemporains les plus grandes journées de l’histoire […] Tâche de bien marquer l’imagination de Chr. (2) Qu’elle se souvienne au moins d’avoir vécu ce jour tragique, que l’univers entier attend en frémissant ». (Lettre à Hélène. Journal T. I, p. 1002).


Dans son communiqué à la presse du 11 novembre 1918 à 21 heures Philippe Pétain confirme que l'armistice est entrée en vigueur au 52ème mois d’une guerre sans précédent.

Parole aux combattants-témoins
FLORILEGE (3)





« […] Et à 11 heures, nous apprenions à la fois la signature de l’armistice, la fuite du vieux bandit et la révolution en Bochie ». ( X à Ma chère maman, p. 178).


« Enfin, c’est fini. On ne se bat plus ! On ne peut pas le croire, et pourtant c’est vrai ! ». (Elise Massé à son frère Edmond, poilu que la guerre venait d’épargner, p. 172).


« Tout est fini ; la paix est signée – on ne tue plus – le clairon sonne le cessez-le-feu […] Tant fait plus ». ( Marius Maillet à sa chère bien-aimée pour la vie, p. 169).


« Enfin, 11 heures arrivent ; d’un seul coup, tout s’arrête, c’est incroyable. Nous attendons 2 heures ; tout est bien fini : alors la triste corvée commence, d’aller chercher les camarades qui [y] sont restés ». (Eugène Poézévara à ses Chers parents, p. 175. Gazé sur le front il mourra d’épuisement quelques années plus tard).


(1) Pierre Margaritis, grand ami de Roger martin du Gard, est mort de la grippe espagnole dans la nuit du 29 au 30 octobre. Cf. Mort de Pierre dans Journal T. I, p. 994- 999.



Je dédie
LES THIBAULT
à la mémoire fraternelle
de
PIERRE MARGARITIS
dont la mort, à l’hôpital militaire,
le 30 octobre 1918,
anéantit l’œuvre puissante
qui mûrissait dans son cœur
tourmenté et pur.
R.M. G.


(2) Christiane, sa fille, à un peu plus de 11 ans.

(3) Cf. Paroles de Poilus-Lettres et carnets du front 1914-1918, Ed. Librio, 1998.

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