Cette septième partie commence le 28 juin 1914, jour du meurtre de Sarajevo, et se termine le 10 août, neuvième jour de la guerre. Journée après journée, le lecteur assiste à cette lutte des forces de paix contre les forces de guerre, qui devait aboutir au conflit général d’août 1914.
Jacques est donc revenu à Genève. Il a repris sa place dans le groupe de révolutionnaires cosmopolites que dirige et anime un ancien aviateur, Meynestrel, l’énigmatique « Pilote ». C’est par lui que Jacques est envoyé à travers l’Europe pour y enquêter sur la politique secrète des Empires Centraux ; puis à Paris, pour y suivre de près les réactions françaises et la politique pacifiste des partis de gauche.
Là, il retrouve son frère Antoine, luxueusement installé dans la vie bourgeoise et parfaitement inconscient des menaces qui s’amoncellent sur l’Europe. Le heurt de leurs deux natures se poursuit, pendant tout le mois de juillet, en marge de la crise internationale.
Un accident – le suicide de Jérôme de Fontanin – a remis Antoine et Jacques en contact avec Mme de Fontanin, avec Jenny, avec Daniel. Un élan irrésistible – amour, orgueil, besoin de pardon – pousse Jacques à se disculper auprès de Jenny : explication passionnée, où fondent toutes les résistances qui les séparaient jadis, et où ils osent enfin s’avouer leur amour.
De ce jour-là, Jenny partage la vie haletante de Jacques parmi les militants pacifistes et le groupe socialiste de l’Humanité. Ensemble, ils sont témoins de l’assassinat de Jaurès ; et, après avoir vu sombrer successivement toutes les chances de conjurer la catastrophe, c’est ensemble qu’ils lisent sur les murs de Paris l’affiche de la mobilisation.
Jenny s’est donnée à Jacques. Elle l’accompagnera en Suisse ; où Jacques a résolu de fuir, afin d’y poursuivre par tous les moyens la lutte contre la guerre. Au dernier moment Jenny ne se décide pas à abandonner sa mère, et diffère son départ.
Alors, Jacques, emporté par son destin, s’éloigne seul. Il regagne Genève ; il revoit Meynestrel. Possédé par son idée fixe, dans une sorte d’état second, il met à exécution ce projet d’action individuelle, désespéré, chimérique et follement téméraire qui, devant l’écroulement de ses espérances et la trahison des chefs responsables, lui est apparu comme un ultime devoir ; l’unique moyen de servir à la fois la cause de la paix et celle de la révolution : adjurer les soldats des deux camps de jeter leurs armes et de fraterniser, avant que l’Europe entière ne soit happée par le tourbillon.
Le 10 août, à l’aube, il monte dans un avion piloté par Meynestrel, pour survoler le front d’Alsace, et semer sur les combattants des milliers de tracts pacifistes, français et allemands. Mais l’appareil capote, tombe dans les lignes françaises et s’enflamme. Meynestrel est carbonisé. Jacques, grièvement blessé, est pris pour un espion, et livré aux gendarmes d’une des divisions françaises qui battent en retraite. Agonisant, ballotté toute une journée sur une civière, il suit le recul désordonné des troupes, jusqu’au moment où il est abattu d’un coup de revolver par un des gendarmes qui le gardent et dont sa présence entrave la fuite.
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