samedi 14 novembre 2009

La nausée

« [...] de quoi avoir la nausée du gidisme, du monde gidien et de la chose gidesque », tel est le sentiment consigné par la Petite Dame dans ses Cahiers (1). Dans la collection Les Contemporains, les éditions du Capitole ont rassemblé en janvier 1928 études, portraits, documents et biographies sur l’auteur des Nourritures Terrestres.


Ont, entre autres, contribué à la réalisation de ce « gros monument » (2), François-Paul Alibert, Jacques-Emile Blanche, Jacques Copeau, Benjamin Crémieux, François Mauriac, Henry de Montherlant, Léon-Pierre Quint, Jean Schlumberger, Albert Thibaudet et Roger Martin du Gard. En guise de préface on lit une lettre de Paul Valéry présentant ses excuses de ne pas avoir pu, par manque de temps, participer à cet Hommage à André Gide…


Quelques semaines après sa sortie en librairie, RMG écrit à son ami : « Mais parlons du gros monument, Le Capitole. Grande, grande impression. Ceci est véritablement sans précédent. Je suis gêné pour dire ce que je pense par le fait que vous m’y avez laissé mettre ma signature ; mais je pense que vous avez cette faveur inouïe, unique, d’entrer vivant dans la gloire, salué très bas, tout le long du chemin, par ce que notre temps compte de meilleur » (2).



On trouvera ci-dessous quelques extraits choisis de la contribution de Roger Marin du Gard


Son « Influence »



« Depuis des années, il y a en circulation une certaine caricature d’André Gide, qui, à a longue, a pris, dans la plupart des esprits , plus de réalité, un contour plus net, que sa figure vraie ; et si, comme j’ai pu souvent l’observer, ses vrais amis – je veux dire, aussi, bien des lecteurs – ont découvert pour leur usage, pour leur intime profit, cette véritable figure de Gide, elle a cependant échappé jusqu’ici à la grande majorité de ceux qui ont écrit sur lui ».


« Je ne voudrais pas cependant que l’on tienne mon amitié pour naïve à l’excès : ceux qui méconnaissent André Gide ne semblent pas, de ce fait, des aveugles-nés ni des sots ».


« Qu’il me suffise de parler des autres. Il m’a été donné maintes et maintes fois de constater le rayonnement salutaire d’André Gide, non seulement sur ses familiers, ce qui déjà serait probant, mais sur tant d’amis inconnus […] La variété même de cette clientèle suffirait à marquer combien peu Gide a souci d’imposer une éthique commune à ceux qui recherchent son amitié ».



Et Roger Martin du Gard de conclure :

« Je raconterai peut-être un jour ce qu’est un entretien intime avec André Gide ».



(1) Les Cahiers de la Petite Dame, t. 1 ( « Cahiers André Gide 4 » ), p. 340

(2) Lettre de RMG à André Gide du 4 avril 1928 (Correspondance, Gallimard, 1968, t. 1)

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